Languedoc | Les négociants convertissent leurs propres vignobles au bio et à la biodynamie

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Languedoc | Les négociants convertissent leurs propres vignobles au bio et à la biodynamie

150 150 Bérangère Amestoy

Jeanjean, Paul Mas et Gérard Bertrand possèdent des vignes sur lesquelles ils adoptent peu à peu le label bio. La commercialisation s’effectue en grande partie en direct.

www.lesechos.fr 02/02/2015 | Languedoc : Les négociants convertissent leurs propres vignobles au bio et à la biodynamie

La transformation du vignoble languedocien passe aussi par les négociants. Jeanjean, Paul Mas, Gérard Bertrand, trois professionnels de poids qui sont aussi vignerons, ont progressivement adopté le label AB sur leurs propres vignobles. Dans l’Hérault, chez Jeanjean, les propriétés labellisées représentent quelque 400 hectares (ha). Chez Paul Mas, autre vigneron-négociant héraultais, 20 % des quelque 500 ha possédés directement délivrent un vin AB. Jean-Claude Mas, son charismatique patron, envisage de porter cette proportion à 80 % dans les huit ans à venir. Sa dernière acquisition, tout juste signée, porte sur 57 ha dont 24 ha de vignes cultivées en bio baptisés le « Silène des Peyrals ».

Dans l’Aude, un autre grand nom de la viticulture locale, Gérard Bertrand, possède 600 ha dans le monde dont 350 cultivés selon les critères de la biodynamie, label Demeter, le plus strict en termes de respect de l’environnement. « Nous prenons en compte le cycle des astres pour cultiver nos terres « , explique-t-il. La constitution de ses gammes bio s’est appuyée aussi sur des partenaires : 1.000 ha sont consacrés à la production annuelle des 3,5 millions de bouteilles Gérard Bertrand labellisées bio. 40 % de son chiffre d’affaires total, qui atteint 65 millions d’euros, est réalisé sous label. Et les bouteilles de vin biodynamique sont vendues entre 20 et 50 euros. Selon lui, « faire des vins bio est un travail de grande précision, qui permet de produire à très haut niveau « . Le processus prend du temps. Il faut trois ans après le changement de pratique pour que le vin puisse être vendu avec un label.

Jeanjean a commencé à convertir un de ses domaines en Camargue il y a quatre ans avant d’être imité par des voisins partenaires. « Nous commercialisons plus de 10.000 hectolitres de vin rosé bio sous la marque Les Embruns, en association avec huit vignerons », explique Antoine Leccia, président du directoire d’Advini, holding créé en 2008 par Jeanjean et Laroche, maison de négoce située à Chablis, en Bourgogne.

Valeurs partagées

Fin 2014, le château de Chambert, 65 ha en biodynamie, devient partenaire de Rigal, maison d’Advini située à Cahors. « Ils nous ont rejoints en partie parce que nous avons des propriétés en bio, nous partageons des valeurs « , commente Antoine Leccia. Les valeurs, la philosophie sont les arguments que tous avancent pour expliquer leur conversion. « Je suis persuadé que nous faisons de meilleurs produits et c’est rentable : nous avons constaté que les rendements étaient plus équilibrés en agriculture biologique « , martèle Jean- Claude Mas.

Le logo AB fait-il vendre ? Pas simple. Jean-Claude Mas affirme que le marché bio en soi n’existe pas. « Cela ne peut être seulement une démarche marketing », ajoute un autre. Pour tous les négociants, les vins bio sont désormais d’indispensables compléments de leurs gammes traditionnelles. Mais les circuits de vente ne sont pas complètement les mêmes. 80 % du vin classique se vend dans les grandes surfaces. Mais les statistiques publiées par l’Agence Bio montrent que en 2013 le principal circuit de distribution du vin bio passe par la vente directe (36 % en 2012 et 33 % en 2011). Les magasins bio sont le deuxième lieu d’achat, avec 25 % de part de marché.